Aaarg ! la revue, c’est fini, mais Aaarg ! le mensuel, ça commence. Premier coup d’oeil
La revue Aaarg ! a été une « belle aventure » qui a duré deux ans, comme le rappelle le rédac chef Pierrick Starsky dans son édito de ce premier « mensuel ». Une vraie aventure pour l’équipe de la Scop marseillaise à l’origine du projet. Et un beau résultat pour les lecteurs qui ont pu parcourir et lire toutes ces belles pages, parfois réellement fulgurantes.
Deux ans de déploiement d’énergie pas suffisamment payés en retour (manque d’appétence, manque de reconnaissance, de communication ?) qui ont donc amené à l’arrêt de la revue à son n°11 (et l’on peut penser que ces 11 numéros là ont le potentiel pour devenir, d’ici quelque temps, véritablement culte). Mais si Aaarg est mort, Aaarg revit donc, en cette fin janvier, et comme promis, sous forme d’un mensuel fort d’une centaine de pages et au prix relativement modique de 4,90 euros. Pour l’équipe, il s’agit encore, s’inscrivant dans le sillage de Pilote, de Hara-Kiri, d’Actuel ou plus encore de Métal hurlant, de « faire tomber les murs, bâtir des passerelles, faire une tambouille de cultures populaires avec les meilleurs ingrédients possibles... »
Dessin gag signé Munoz
Pour l’heure, si l’objectif est ambitieux et sympathique, le résultat ressemble surtout à une version « allégée » de la revue. Une familiarité présente dans la maquette et dès la couverture, signée Julien Loïs (à valeur éditoriale, avec ses personnages logotés « aaarg » se chauffant à un brasero sur fond de « fin du monde »).
On y retrouvera une nouvelle, un (très bon) article sur le cinéma relatant les rapports entre Hollywood et la politique américaine, mais aussi, pour la BD, Glory Owl, des planches hallucinées de Dav Guedin ou la suite du western mexicano de Pierre Place, Muertos.
Côté inédits, on notera le récit-enquête très informé sur « les Evadés d’Alcatraz » par Moutch et Will Argunas, le drôlatique « J’emmerde Tarantino » par Ozanam et Agreda, une « Pantalonnade » autour de 14-18 signé B-Gnet et lorgnant sur l’univers absurde à la Goossens ou encore un intrigant (même si la fin est bien hermétique) « désert des barbares » par Caritte et Alexis Horellou. Sans oublier le début de la série « Le vagin », de Jason Little et une chronique musicale dessinée par Nicolas Moog (sur le groupe Xixa), qui rappelle un peu la rubrique de la Revue dessinée.
Pas mal de bonnes choses à lire, donc. En revanche, « Rien », le journal d’actu de Aaarg ! laisse plus sceptique.
Suite, plus que renouveau, ce Mensuel n’enlève pas la frustration de l’offre majestueuse du magazine (mais une version plus étoffée, à 9,90 euros est aussi disponible, en librairies uniquement). Mais bon, on ne peut être et avoir été. Et c’est déjà bien de tenter cette relance dans le panorama pas si dense de la presse de bande dessinée.
